EVANGILE SELON JEAN
L’auteur de cet évangile est l’*apôtre Jean, le *disciple et l’ami proche de Jésus. Il a probablement rédigé son évangile vers la fin du premier siècle, à Ephèse, une grande ville de l’Antiquité, située dans la Turquie actuelle.
L’auteur suppose que ses lecteurs connaissent les paroles et les actes de Jésus contenus dans les trois autres évangiles, car il évite la plupart du temps de reprendre ce que Matthieu, Marc et Luc ont écrit. Il est le seul, cependant, à rapporter certains enseignements du Christ et certains événements de sa vie, comme pour compléter l’information de ses lecteurs. Il veut les convaincre que cet homme qui a vécu en Palestine est bien le *Messie attendu par *Israël, le Fils de Dieu venu leur apporter la vie, le *Sauveur du monde (4.42).
L’originalité de l’évangile selon Jean tient encore à sa présentation du parcours du Seigneur. Celui-ci s’orchestre autour d’un affrontement de plus en plus intense entre le Christ et les hommes qui lui sont hostiles. Dès les premières interventions publiques de Jésus, un tri s’opère parmi ses auditeurs. Les uns l’écoutent ou le suivent, les autres s’étonnent et murmurent contre lui (ch. 1 à 4). Puis on assiste à une sorte de « procès » de Jésus intenté par les « responsables des *Juifs » (ch. 5 à 12). Car celui qui dit être envoyé pour témoigner de « ce qu’il a vu et entendu » auprès de Dieu (3.32), proclame être plus qu’un témoin : il affirme être la Vie qui libère, la Lumière qui délivre des ténèbres, la Vérité qui affranchit du mensonge, en un mot : le Seigneur lui-même.
Devant de telles affirmations, on ne pouvait que condamner ou croire. La plupart ont crié au *blasphème, mais plusieurs ont fait *confiance à cet étonnant Messager : « Seigneur, vers qui irions-nous ? Toi seul, tu as les paroles de la vie éternelle » (6.68).
L’affrontement qui a marqué les trois années de vie publique de Jésus culmine dans son procès fantoche et dans sa condamnation par les hommes (ch. 13 à 19). Mais celui que les incrédules ont exécuté, Dieu l’a fait revenir à la vie pour toujours. Il a ainsi prouvé son innocence, et montré que ses paroles étaient vraies. C’est pourquoi Thomas, vaincu par l’évidence, a proclamé en l’adorant : « Mon Seigneur et mon Dieu » (20.28). Jean invite ses lecteurs à en faire autant. Ces événements, dit-il, « ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous possédiez la vie en son nom » (cf. 20.31).
Evangile selon Jean
INTRODUCTION : LA PAROLE DE DIEU ET SON TEMOIN
Chapitre 1
1 Au commencement était celui qui est la Parole de Dieu. Il était avec Dieu, il était lui-même Dieu. 2 Au commencement, il était avec Dieu. 3 Tout a été créé par lui ; rien de ce qui a été créé n’a été créé sans lui. 4 En lui résidait la vie , et cette vie était la lumière des hommes. 5 La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas étouffée .
6 Un homme parut, envoyé par Dieu ; il s’appelait Jean. 7 Il vint pour être un témoin de la lumière, afin que tous les hommes croient par lui. 8 Il n’était pas lui-même la lumière, mais sa mission était d’être le témoin de la lumière. 9 Celle-ci était la véritable lumière, celle qui, en venant dans le monde, éclaire tout être humain . 10 Celui qui est la Parole était déjà dans le monde, puisque le monde a été créé par lui, et pourtant, le monde ne l’a pas reconnu. 11 Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli.
12 Certains pourtant l’ont accueilli ; ils ont cru en lui. A tous ceux-là, il a accordé le privilège de devenir enfants de Dieu. 13 Ce n’est pas par une naissance naturelle, ni sous l’impulsion d’un désir, ou encore par la volonté d’un homme, qu’ils le sont devenus ; mais c’est de Dieu qu’ils sont nés.
14 Celui qui est la Parole est devenu homme et il a vécu parmi nous. Nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Fils unique envoyé par son Père : plénitude de grâce et de vérité !
15 Jean , son témoin, a proclamé publiquement :
—Voici celui dont je vous ai parlé lorsque j’ai dit : Celui qui vient après moi m’a précédé car il existait déjà avant moi.
16 Nous avons tous été comblés de ses richesses. Il a déversé sur nous une grâce après l’autre. 17 En effet, si la *Loi nous a été donnée par *Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. 18 Personne n’a jamais vu Dieu : Dieu, le Fils unique qui vit dans l’intimité du Père, nous l’a révélé.
PREMIERES REVELATIONS ET PREMIERS AFFRONTEMENTS
Le témoin
(Mt 3.1-12 ; Mc 1.2-8 ; Lc 3.15-17)
19 Voici le témoignage de Jean, lorsque les autorités juives lui envoyèrent de *Jérusalem une délégation de *prêtres et de *lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? »
20 Il dit clairement la vérité, sans se dérober, et leur déclara ouvertement :
21 —Je ne suis pas le *Messie.
—Mais alors, continuèrent-ils, qui es-tu donc ? Es-tu Elie ?
—Je ne le suis pas.
—Es-tu le Prophète ?
—Non.
22 —Mais enfin, insistèrent-ils, qui es-tu ? Il faut bien que nous rapportions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ?
23 —Moi ? répondit-il, je suis cette voix dont parle le *prophète *Esaïe, la voix de quelqu’un qui crie dans le désert : Préparez le chemin pour le Seigneur !
24 Les envoyés étaient du parti des *pharisiens. 25 Ils continuèrent de l’interroger :
—Si tu n’es pas le Messie, ni Elie, ni le Prophète, pourquoi donc baptises-tu ?
26 —Moi, leur répondit Jean, je vous baptise dans l’eau, mais au milieu de vous se trouve quelqu’un que vous ne connaissez pas. 27 Il vient après moi, mais je ne suis pas digne de dénouer la lanière de ses sandales.
28 Cela se passait à Béthanie , à l’est du *Jourdain, là où Jean baptisait.
Jésus, l’Agneau de Dieu
29 Le lendemain, Jean aperçut Jésus qui se dirigeait vers lui ; alors il s’écria :
—Voici l’Agneau de Dieu , celui qui enlève le péché du monde. 30 C’est de lui que je vous ai parlé lorsque je disais : « Un homme vient après moi, il m’a précédé , car il existait avant moi. » 31 Moi non plus, je ne savais pas que c’était lui, mais si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour le faire connaître au peuple d’*Israël.
32 Jean-Baptiste rendit ce témoignage :
—J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et se poser sur lui. 33 Je ne savais pas que c’était lui, mais Dieu, qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, m’avait dit : Tu verras l’Esprit descendre et se poser sur un homme ; c’est lui qui baptisera dans le Saint-Esprit. 34 Or, cela, je l’ai vu de mes yeux, et je l’atteste solennellement : cet homme est le Fils de Dieu.
Les premiers disciples
35 Le lendemain, Jean était de nouveau là, avec deux de ses *disciples. 36 Il vit Jésus qui passait, et il dit :
—Voici l’Agneau de Dieu !
37 Les deux disciples entendirent les paroles de Jean et se mirent à suivre Jésus.
38 Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient et leur demanda :
—Que désirez-vous ?
—Rabbi — c’est-à-dire Maître —, lui dirent-ils, où habites-tu ?
39 —Venez, leur répondit-il, et vous le verrez. Ils l’accompagnèrent donc et virent où il habitait. Il était environ quatre heures de l’après-midi. Ils passèrent le reste de la journée avec lui.
40 André, le frère de *Simon Pierre, était l’un de ces deux hommes qui, sur la déclaration de Jean, s’étaient mis à suivre Jésus.
41 Il alla tout d’abord voir son frère Simon et lui dit :
—Nous avons trouvé le *Messie — ce qui veut dire le Christ.
42 Et il le conduisit auprès de Jésus. Jésus le regarda attentivement et lui dit :
—Tu es Simon, fils de Jonas. Eh bien, on t’appellera Céphas — ce qui veut dire Pierre.
43 Le lendemain, Jésus décida de retourner en *Galilée. Il rencontra Philippe et lui dit :
—Suis-moi !
44 Philippe était originaire de Bethsaïda , la ville d’André et de Pierre. 45 Philippe, à son tour, alla voir Nathanaël et lui dit :
—Nous avons trouvé celui dont *Moïse a parlé dans la Loi et que les prophètes ont annoncé : c’est Jésus, le fils de Joseph, de la ville de *Nazareth.
46 —De Nazareth ? répondit Nathanaël. Que peut-il venir de bon de Nazareth ?
—Viens et vois toi-même ! répondit Philippe.
47 Jésus vit Nathanaël s’avancer vers lui. Alors il dit :
—Voilà un véritable Israélite, un homme d’une parfaite droiture.
48 —D’où me connais-tu ? lui demanda Nathanaël.
—Avant même que Philippe t’appelle, lui répondit Jésus, lorsque tu étais sous le figuier, je t’ai vu.
49 —Maître, s’écria Nathanaël, tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d’*Israël !
50 —Tu crois, lui répondit Jésus, parce que je t’ai dit que je t’ai vu sous le figuier ? Tu verras de bien plus grandes choses encore. 51 Et il ajouta :
—Oui, je vous l’assure, vous verrez le ciel ouvert et les *anges de Dieu monter et descendre entre ciel et terre par l’intermédiaire du *Fils de l’homme .
Chapitre 2
Le premier miracle
1 Deux jours plus tard, on célébrait des noces à Cana, en *Galilée. La mère de Jésus y assistait.
2 Jésus avait aussi été invité au mariage avec ses *disciples.
3 Or voilà que le vin se mit à manquer. La mère de Jésus lui fit remarquer :
—Ils n’ont plus de vin.
4 —Ecoute, lui répondit Jésus, est-ce toi ou moi que cette affaire concerne ? Mon heure n’est pas encore venue.
5 Sa mère dit aux serviteurs :
—Faites tout ce qu’il vous dira.
6 Il y avait là six jarres de pierre que les *Juifs utilisaient pour leurs ablutions rituelles . Chacune d’elles pouvait contenir entre quatre-vingts et cent vingt litres. 7 Jésus dit aux serviteurs :
—Remplissez d’eau ces jarres.
Ils les remplirent jusqu’au bord.
8 —Maintenant, leur dit-il, prenez-en un peu et allez l’apporter à l’ordonnateur du repas.
Ce qu’ils firent.
9 L’ordonnateur du repas goûta l’eau qui avait été changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, alors que les serviteurs le savaient, puisqu’ils avaient puisé l’eau. Aussitôt il fit appeler le marié 10 et lui dit :
—En général, on sert d’abord le bon vin, et quand les gens sont ivres, on leur donne de l’ordinaire. Mais toi, tu as réservé le bon jusqu’à maintenant !
11 C’est là le premier des signes miraculeux que fit Jésus. Cela se passa à Cana en Galilée. Il révéla ainsi sa gloire, et ses disciples crurent en lui. 12 Après cela, Jésus descendit à *Capernaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples ; mais ils n’y restèrent que quelques jours.
Le premier affrontement au Temple
(voir Mt 21.12-17 ; Mc 11.15-17 ; Lc 19.45-46)
13 Le jour où les *Juifs célèbrent la fête de la *Pâque était proche et Jésus se rendit à *Jérusalem. 14 Il trouva, dans la cour du *Temple, des marchands de bœufs, de brebis et de pigeons, ainsi que des changeurs d’argent, installés à leurs comptoirs. 15 Alors il prit des cordes, en fit un fouet, et les chassa tous de l’enceinte sacrée avec les brebis et les bœufs ; il jeta par terre l’argent des changeurs et renversa leurs comptoirs, 16 puis il dit aux marchands de pigeons :
—Otez cela d’ici ! C’est la maison de mon Père. N’en faites pas une maison de commerce.
17 Les disciples se souvinrent alors de ce passage de l’Ecriture :
L’amour que j’ai pour ta maison,
ô Dieu, est en moi un feu qui me consume .
18 Là-dessus, les gens lui dirent :
—Quel signe miraculeux peux-tu nous montrer pour prouver que tu as le droit d’agir ainsi ?
19 —Démolissez ce Temple, leur répondit Jésus, et en trois jours, je le relèverai.
20 —Comment ? répondirent-ils. Il a fallu quarante-six ans pour reconstruire le Temple , et toi, tu serais capable de le relever en trois jours !
21 Mais en parlant du « temple », Jésus faisait allusion à son propre corps.
22 Plus tard, lorsque Jésus fut ressuscité, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Ecriture et à la parole que Jésus avait dite.
23 Pendant que Jésus séjournait à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup de gens crurent en lui en voyant les signes miraculeux qu’il accomplissait. 24 Mais Jésus ne se fiait pas à eux, car il les connaissait tous très bien. 25 En effet, il n’avait pas besoin qu’on le renseigne sur les hommes car il connaissait le fond de leur cœur.
Chapitre 3
Jésus et Nicodème
1 Il y avait un homme qui s’appelait Nicodème ; membre du parti des *pharisiens, c’était un chef des *Juifs. 2 Il vint trouver Jésus de nuit et le salua en ces termes :
—Maître, nous savons que c’est Dieu qui t’a envoyé pour nous enseigner car personne ne saurait accomplir les signes miraculeux que tu fais si Dieu n’était pas avec lui. 3 Jésus lui répondit :
—Vraiment, je te l’assure : à moins de renaître d’en haut , personne ne peut voir le *royaume de Dieu.
4 —Comment un homme peut-il naître une fois vieux ? s’exclama Nicodème. Il ne peut tout de même pas retourner dans le ventre de sa mère pour renaître ?
5 —Vraiment, je te l’assure, reprit Jésus, à moins de naître d’eau, c’est-à-dire d’Esprit , personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu. 6 Ce qui naît d’une naissance naturelle, c’est la vie humaine naturelle. Ce qui naît de l’Esprit est animé par l’Esprit. 7 Ne sois donc pas surpris si je t’ai dit : Il vous faut renaître d’en haut . 8 Le vent souffle où il veut, tu en entends le bruit, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour quiconque est né de l’Esprit.
9 Nicodème reprit :
—Comment cela peut-il se réaliser ?
10 —Toi qui enseignes le peuple d’*Israël, tu ignores cela ? lui répondit Jésus. 11 Vraiment, je te l’assure : nous parlons de ce que nous connaissons réellement, et nous témoignons de ce que nous avons vu ; et pourtant, vous ne prenez pas notre témoignage au sérieux. 12 Si vous ne croyez pas quand je vous parle des réalités terrestres, comment pourrez-vous croire quand je vous parlerai des réalités célestes ? 13 Car personne n’est monté au ciel, sauf celui qui en est descendu : le *Fils de l’homme .
14 Dans le désert, *Moïse a élevé sur un poteau le serpent de bronze. De la même manière, le Fils de l’homme doit, lui aussi, être élevé 15 pour que tous ceux qui placent leur *confiance en lui aient la vie éternelle. 16 Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu’ils aient la vie éternelle.
17 En effet, Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour condamner le monde, mais pour qu’il soit *sauvé par lui. 18 Celui qui met sa confiance en lui n’est pas condamné, mais celui qui n’a pas foi en lui est déjà condamné, car il n’a pas mis sa confiance en la personne du Fils unique de Dieu. 19 Et voici en quoi consiste sa condamnation : c’est que la lumière est venue dans le monde, mais les hommes lui ont préféré les ténèbres, parce que leurs actes sont mauvais. 20 En effet, celui qui fait le mal déteste la lumière, et il se garde bien de venir à la lumière de peur que ses mauvaises actions ne soient révélées. 21 Mais celui qui a une conduite conforme à la vérité vient à la lumière pour qu’on voie clairement que tout ce qu’il fait, il l’accomplit dans la communion avec Dieu.
Le témoin s’efface
22 Après cela, Jésus se rendit en *Judée avec ses disciples ; il y resta quelque temps avec eux et y baptisait. 23 Jean, de son côté, baptisait à Enon, près de Salim : il y avait là beaucoup d’eau, et de nombreuses personnes y venaient pour être baptisées. 24 En effet, à cette époque, Jean n’avait pas encore été jeté en prison. 25 Or, un jour, quelques-uns de ses disciples eurent une discussion avec un *Juif au sujet de la *purification. 26 Ils allèrent trouver Jean et lui dirent :
—Maître, tu te souviens de cet homme qui était avec toi de l’autre côté du *Jourdain et pour qui tu as témoigné. Eh bien, le voilà qui baptise à son tour, et tout le monde se rend auprès de lui.
27 Jean répondit :
—Nul ne peut s’attribuer une autre mission que celle qu’il a reçue de Dieu. 28 Vous en êtes vous-mêmes témoins ; j’ai toujours dit : je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé comme son Précurseur.
29 A qui appartient la mariée ? Au marié. Quant à l’ami du marié, c’est celui qui se tient à côté de lui et qui l’écoute : entendre sa voix le remplit de joie. Telle est ma joie, et, à présent, elle est complète. 30 Lui doit devenir de plus en plus grand, et moi de plus en plus petit.
31 Qui vient du ciel est au-dessus de tout. Qui est de la terre reste lié à la terre et parle des choses terrestres. Celui qui vient du ciel est [au-dessus de tout ]. 32 Il témoigne de ce qu’il a lui-même vu et entendu. Mais personne ne prend son témoignage au sérieux. 33 Celui qui accepte son témoignage certifie que Dieu dit la vérité. 34 En effet, l’envoyé de Dieu dit les paroles mêmes de Dieu, car Dieu lui donne son Esprit sans aucune restriction. 35 Le Père aime le Fils et lui a donné pleins pouvoirs sur toutes choses. 36 Qui place sa confiance dans le Fils possède la vie éternelle. Qui ne met pas sa confiance dans le Fils ne connaît pas la vie ; il reste sous le coup de la colère de Dieu.
Chapitre 4
Le Messie se révèle en Samarie
1 Les *pharisiens avaient entendu dire que Jésus faisait et baptisait plus de *disciples que Jean. 2 (A vrai dire, Jésus lui-même ne baptisait personne, il laissait ce soin à ses disciples.) Lorsque Jésus l’apprit, 3 il quitta la *Judée et retourna en *Galilée. 4 Il lui fallait donc traverser la Samarie. 5 C’est ainsi qu’il arriva près d’une bourgade de Samarie nommée Sychar, non loin du champ que *Jacob avait jadis donné à son fils Joseph. 6 C’est là que se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, s’assit au bord du puits. Il était environ midi. 7 Une femme *samaritaine vint pour puiser de l’eau. Jésus s’adressa à elle :
—S’il te plaît, donne-moi à boire un peu d’eau.
8 (Ses disciples étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.)
9 La Samaritaine s’exclama :
—Comment ? Tu es *Juif et tu me demandes à boire, à moi qui suis Samaritaine ? (Les Juifs, en effet, évitaient toutes relations avec les Samaritains.)
10 Jésus lui répondit :
—Si tu savais quel don Dieu veut te faire et qui est celui qui te demande à boire, c’est toi qui aurais demandé à boire et il t’aurait donné de l’eau vive .
11 —Mais, Maître, répondit la femme, non seulement tu n’as pas de seau, mais le puits est profond ! D’où la tires-tu donc, ton eau vive ? 12 Tu ne vas pas te prétendre plus grand que notre ancêtre Jacob, auquel nous devons ce puits, et qui a bu lui-même de son eau ainsi que ses enfants et ses troupeaux ?
13 —Celui qui boit de cette eau, reprit Jésus, aura de nouveau soif. 14 Mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. Bien plus : l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source intarissable qui jaillira jusque dans la vie éternelle.
15 —Maître, lui dit alors la femme, donne-moi de cette eau-là, pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus besoin de revenir puiser de l’eau ici.
16 —Va donc chercher ton mari, lui dit Jésus, et reviens ici.
17 —Je ne suis pas mariée, lui répondit-elle.
—Tu as raison de dire : Je ne suis pas mariée. 18 En fait tu l’as été cinq fois, et l’homme avec lequel tu vis actuellement n’est pas ton mari. Ce que tu as dit là est vrai .
19 —Maître, répondit la femme, je le vois, tu es un *prophète. 20 Dis-moi : qui a raison ? Nos ancêtres ont adoré Dieu sur cette montagne-ci . Vous autres, vous affirmez que l’endroit où l’on doit adorer, c’est *Jérusalem.
21 —Crois-moi, lui dit Jésus, l’heure vient où il ne sera plus question de cette montagne ni de Jérusalem pour adorer le Père. 22 Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient du peuple juif. 23 Mais l’heure vient, et elle est déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père par l’Esprit et en vérité ; car le Père recherche des hommes qui l’adorent ainsi. 24 Dieu est Esprit et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent par l’Esprit et en vérité.
25 La femme lui dit :
—Je sais qu’un jour le *Messie doit venir — celui qu’on appelle le Christ. Quand il sera venu, il nous expliquera tout.
26 —Je suis le Messie, moi qui te parle, lui dit Jésus.
27 Sur ces entrefaites, les disciples revinrent. Ils furent très étonnés de voir Jésus parler avec une femme. Aucun d’eux, cependant, ne lui demanda : « Que lui veux-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
28 Alors, la femme laissa là sa cruche, se rendit à la ville, et la voilà qui se mit à dire autour d’elle :
29 —Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Et si c’était le Christ ?
30 Les gens sortirent de la ville pour se rendre auprès de Jésus.
31 Entre-temps, les disciples pressaient Jésus en disant :
—Maître, mange donc !
32 Mais il leur dit :
—J’ai, pour me nourrir, un aliment que vous ne connaissez pas.
33 Les disciples se demandèrent donc entre eux :
—Est-ce que quelqu’un lui aurait apporté à manger ?
34 —Ce qui me nourrit, leur expliqua Jésus, c’est d’accomplir la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener à bien l’œuvre qu’il m’a confiée. 35 Vous dites en ce moment : Encore quatre mois, et c’est la moisson ! N’est-ce pas ? Eh bien, moi je vous dis : Ouvrez vos yeux et regardez les champs ; déjà les épis sont blonds, prêts à être moissonnés . 36 Celui qui les fauche reçoit maintenant son salaire et récolte une moisson pour la vie éternelle, si bien que semeur et moissonneur partagent la même joie. 37 Ici se vérifie le proverbe : « Autre est celui qui sème, autre celui qui moissonne. » 38 Je vous ai envoyés récolter une moisson qui ne vous a coûté aucune peine. D’autres ont travaillé, et vous avez recueilli le fruit de leur labeur.
39 Il y eut, dans cette bourgade, beaucoup de Samaritains qui crurent en Jésus grâce au témoignage qu’avait rendu cette femme en déclarant : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » 40 Lorsque les Samaritains furent venus auprès de Jésus, ils le prièrent de rester, et il passa deux jours chez eux. 41 Ils furent encore bien plus nombreux à croire en lui à cause de ses paroles, 42 et ils disaient à la femme :
—Nous croyons en lui, non seulement à cause de ce que tu nous as rapporté, mais parce que nous l’avons nous-mêmes entendu ; et nous savons qu’il est vraiment le *Sauveur du monde.
Le deuxième miracle en Galilée
43 Après ces deux jours, Jésus repartit de là pour la *Galilée, 44 car il avait déclaré qu’un *prophète ne reçoit pas dans son pays l’honneur qui lui est dû. 45 Or, quand il arriva en Galilée, les gens lui firent assez bon accueil, car ils étaient, eux aussi, allés à *Jérusalem pendant la fête, et ils avaient vu tous les miracles qu’il y avait faits.
46 Il repassa par Cana en Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Or, à *Capernaüm vivait un haut fonctionnaire dont le fils était très malade. 47 Quand il apprit que Jésus était revenu de *Judée en Galilée, il alla le trouver et le supplia de venir guérir son fils qui était sur le point de mourir.
48 Jésus lui dit :
—A moins de voir des signes miraculeux et des choses extraordinaires, vous ne croirez donc pas ?
49 Mais le fonctionnaire insistait :
—Seigneur, viens vite avant que mon petit garçon ne meure.
50 —Va, lui dit Jésus, rentre chez toi, ton fils est bien portant.
Cet homme crut Jésus sur parole et il repartit chez lui.
51 Sur le chemin du retour, plusieurs de ses serviteurs vinrent à sa rencontre et lui annoncèrent :
—Ton fils est bien portant !
52 Il leur demanda à quelle heure son état s’était amélioré.
Ils lui répondirent :
—C’est hier vers une heure de l’après-midi que la fièvre l’a quitté.
53 Le père constata que c’était l’heure même où Jésus lui avait dit : « Ton fils est bien portant. » Dès lors il crut, lui et toute sa famille.
54 Tel est le deuxième signe miraculeux que Jésus accomplit en Galilée, après son retour de Judée.
FOI ET INCREDULITE
Chapitre 5
La guérison d’un paralysé à Jérusalem
1 Quelque temps plus tard, Jésus remonta à *Jérusalem à l’occasion d’une fête juive. 2 Or, dans cette ville, près de la Porte des Brebis, se trouvait une piscine entourée de cinq galeries couvertes, appelée en hébreu Béthesda . 3 Ces galeries étaient remplies de malades qui y restaient couchés : des aveugles, des paralysés, des impotents.
5 Il y avait là un homme malade depuis trente-huit ans.
6 Jésus le vit couché ; quand il sut qu’il était là depuis si longtemps, il lui demanda :
—Veux-tu être guéri ?
7 —Maître, répondit le malade, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine quand l’eau commence à bouillonner. Le temps que je me traîne là-bas, un autre y arrive avant moi.
8 —Eh bien, lui dit Jésus, lève-toi, prends ta natte et marche.
9 A l’instant même l’homme fut guéri. Il prit sa natte et se mit à marcher.
Mais cela se passait un jour de *sabbat. 10 Les responsables des *Juifs interpellèrent donc l’homme qui venait d’être guéri :
—C’est le sabbat ! Tu n’as pas le droit de porter cette natte.
11 —Mais, répliqua-t-il, celui qui m’a guéri m’a dit : « Prends ta natte et marche. »
12 —Et qui t’a dit cela ? lui demandèrent-ils.
13 Mais l’homme qui avait été guéri ignorait qui c’était, car Jésus avait disparu dans la foule qui se pressait en cet endroit.
14 Peu de temps après, Jésus le rencontra dans la cour du *Temple.
—Te voilà guéri, lui dit-il. Mais veille à ne plus pécher, pour qu’il ne t’arrive rien de pire.
15 Et l’homme alla annoncer aux chefs des *Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.
Le Père et le Fils
16 Les chefs des Juifs se mirent donc à accuser Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.
17 Jésus leur répondit :
—Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent, et moi aussi je suis à l’œuvre.
18 Cette remarque fut pour eux une raison de plus pour chercher à le faire mourir car, non content de violer la *loi sur le sabbat, il appelait encore Dieu son propre Père et se faisait ainsi l’égal de Dieu. 19 Jésus répondit à ces reproches en leur disant :
—Vraiment, je vous l’assure : le Fils ne peut rien faire de sa propre initiative ; il agit seulement d’après ce qu’il voit faire au Père. Tout ce que fait le Père, le Fils le fait également, 20 car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui donnera même le pouvoir d’accomplir des œuvres plus grandes que toutes celles que vous avez vues jusqu’à présent, et vous en serez stupéfaits. 21 En effet, comme le Père relève les morts et leur rend la vie, ainsi le Fils, lui aussi, donne la vie à qui il veut. 22 De plus, ce n’est pas le Père qui prononce le jugement sur les hommes ; il a remis tout jugement au Fils, 23 afin que tous les hommes honorent le Fils au même titre que le Père. Ne pas honorer le Fils, c’est ne pas honorer le Père qui l’a envoyé.
24 Oui, vraiment, je vous l’assure : celui qui écoute ce que je dis et qui place sa *confiance dans le Père qui m’a envoyé, possède, dès à présent, la vie éternelle et il ne sera pas condamné ; il est déjà passé de la mort à la vie. 25 Oui, vraiment, je vous l’assure : l’heure vient, et elle est déjà là, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et tous ceux qui l’auront entendue vivront.
26 En effet, comme le Père possède la vie en lui-même, il a accordé au Fils d’avoir la vie en lui-même. 27 Et parce qu’il est le *Fils de l’homme, il lui a donné autorité pour exercer le jugement.
28 Ne vous en étonnez pas : l’heure vient où tous ceux qui sont dans la tombe entendront la voix du Fils de l’homme. 29 Alors, ils en sortiront : ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour être condamnés . 30 Pour moi, je ne peux rien faire de mon propre chef ; je juge seulement comme le Père me l’indique. Et mon verdict est juste, car je ne cherche pas à réaliser mes propres désirs, mais à faire la volonté de celui qui m’a envoyé.
Les témoins du Fils
31 —Bien sûr, si j’étais seul à témoigner en ma faveur, mon témoignage ne serait pas valable.
32 Mais j’ai un autre témoin et je sais que son témoignage est vrai. 33 Vous avez envoyé une commission d’enquête auprès de Jean et il a rendu témoignage à la vérité . 34 Moi, je n’ai pas besoin d’un homme pour témoigner en ma faveur, mais je dis cela pour que vous, vous soyez *sauvés. 35 Oui, Jean était vraiment comme un flambeau que l’on allume pour qu’il répande sa clarté. Mais vous, vous avez simplement voulu, pour un moment, vous réjouir à sa lumière.
36 Quant à moi, j’ai en ma faveur un témoignage qui a plus de poids que celui de Jean : c’est celui des œuvres que le Père m’a donné d’accomplir. Oui, ces œuvres que j’accomplis attestent clairement que le Père m’a envoyé. 37 De plus, le Père lui-même, qui m’a envoyé, a témoigné en ma faveur. Mais vous n’avez jamais entendu sa voix, ni vu sa face. 38 Sa parole n’habite pas en vous ; la preuve, c’est que vous ne croyez pas en celui qu’il a envoyé. 39 Vous étudiez avec soin les Ecritures, parce que vous êtes convaincus d’en obtenir la vie éternelle. Or, précisément, ce sont elles qui témoignent de moi. 40 Mais voilà : vous ne voulez pas venir à moi pour recevoir la vie.
41 Je ne cherche pas à être applaudi par les hommes. 42 Seulement, je constate une chose : au fond de vous-mêmes, vous n’avez pas d’amour pour Dieu. 43 Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas. Si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez ! 44 D’ailleurs, comment pourriez-vous parvenir à la foi alors que vous voulez être applaudis les uns par les autres et que vous ne recherchez pas la gloire qui vient de Dieu seul ?
45 N’allez surtout pas croire que je serai moi votre accusateur auprès de mon Père ; c’est *Moïse qui vous accusera, oui, ce Moïse même en qui vous avez mis votre espérance.
46 En effet, si vous l’aviez réellement cru, vous m’auriez aussi cru, car il a parlé de moi dans ses livres. 47 Si vous ne croyez même pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ?
Chapitre 6
Du pain pour tous
(Mt 14.13-21 ; Mc 6.30-44 ; Lc 9.10-17)
1 Après cela, Jésus passa sur l’autre rive du lac de *Galilée (appelé aussi lac de Tibériade). 2 Une foule immense le suivait, attirée par les guérisons miraculeuses dont elle avait été témoin. 3 C’est pourquoi Jésus s’en alla dans la montagne et s’assit là avec ses *disciples. 4 La *Pâque, la fête des Juifs était proche.
5 Jésus regarda autour de lui et vit une foule nombreuse venir à lui. Alors il demanda à Philippe :
—Où pourrions-nous acheter assez de pains pour nourrir tout ce monde ?
6 Il ne lui posait cette question que pour voir ce qu’il allait répondre car, en réalité, il savait déjà ce qu’il allait faire.
7 —Rien que pour donner à chacun un petit morceau de pain, il faudrait au moins deux cents pièces d’argent , lui répondit Philippe.
8 Un autre disciple, André, frère de *Simon Pierre, lui dit :
9 —Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons. Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ?
10 —Dites-leur à tous de s’asseoir, leur ordonna Jésus.
L’herbe était abondante à cet endroit et la foule s’installa donc par terre. Il y avait là environ cinq mille hommes. 11 Jésus prit alors les pains, remercia Dieu, puis les fit distribuer à ceux qui avaient pris place sur l’herbe. Il leur donna aussi autant de poisson qu’ils en désiraient. 12 Quand ils eurent tous mangé à leur faim, Jésus dit à ses disciples :
—Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne soit gaspillé.
13 Ils les ramassèrent donc et remplirent douze paniers avec ce qui restait des cinq pains d’orge qu’on avait mangés.
14 Lorsque tous ces gens-là virent le signe miraculeux de Jésus, ils s’écrièrent :
—Pas de doute : cet homme est vraiment le Prophète qui devait venir dans le monde.
15 Mais Jésus, sachant qu’ils allaient l’enlever de force pour le proclamer roi, se retira de nouveau, tout seul, dans la montagne.
Jésus marche sur les eaux
(Mt 14.22-27 ; Mc 6.45-52)
16 A la tombée de la nuit, ses disciples redescendirent au bord du lac. 17 Ils montèrent dans un bateau et se dirigèrent vers *Capernaüm, sur l’autre rive. Il faisait déjà nuit et Jésus ne les avait pas encore rejoints. 18 Un vent violent se mit à souffler, et le lac était très agité. 19 Les *disciples avaient déjà parcouru cinq ou six kilomètres, quand ils virent Jésus marcher sur l’eau et s’approcher de leur bateau. L’épouvante les saisit. 20 Mais Jésus leur dit :
—C’est moi, n’ayez pas peur !
21 Ils voulurent alors le faire monter dans le bateau, mais, au même moment, ils touchèrent terre à l’endroit où ils voulaient aller.
Le pain qui fait vivre
22 Le lendemain, ceux qui étaient restés sur l’autre rive se rendirent compte qu’il n’y avait eu là qu’un seul bateau et que Jésus n’avait pas accompagné ses disciples ; ceux-ci étaient repartis seuls. 23 Entre-temps, d’autres bateaux étaient arrivés de Tibériade, près de l’endroit où toute cette foule avait été nourrie après que le Seigneur eut remercié Dieu. 24 Quand les gens virent que Jésus n’était pas là, et ses disciples non plus, ils montèrent dans ces bateaux pour aller à *Capernaüm, à la recherche de Jésus.
25 Ils le trouvèrent de l’autre côté du lac et lui demandèrent :
—Maître, quand es-tu venu ici ?
26 Jésus leur répondit :
—Vraiment, je vous l’assure, si vous me cherchez, ce n’est pas parce que vous avez compris le sens de mes signes miraculeux. Non ! C’est parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés.
27 Travaillez, non pour la nourriture périssable, mais pour celle qui dure pour la vie éternelle. Cette nourriture, c’est le *Fils de l’homme qui vous la donnera, car Dieu le Père lui en a accordé le pouvoir en le marquant de son sceau .
28 —Et que devons-nous faire pour accomplir les œuvres que Dieu attend de nous ? lui demandèrent-ils encore.
29 —L’œuvre de Dieu, leur répondit Jésus, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.
30 Sur quoi, ils lui dirent :
—Quel signe miraculeux nous feras-tu voir pour que nous puissions croire en toi ? Que vas-tu faire ? 31 Pendant qu’ils traversaient le désert, nos ancêtres ont mangé la manne , comme le dit ce texte de l’Ecriture : Il leur donna à manger un pain qui venait du ciel .
32 Mais Jésus leur répondit :
—Vraiment, je vous l’assure : ce n’est pas *Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel, c’est mon Père qui vous donne le pain du ciel, le vrai pain. 33 Car le pain qui vient de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.
34 —Seigneur, dirent-ils alors, donne-nous toujours de ce pain-là.
35 Et Jésus répondit :
—C’est moi qui suis le pain qui donne la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. 36 Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et vous ne croyez pas.
37 Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne repousserai pas celui qui vient à moi. 38 Car si je suis descendu du ciel, ce n’est pas pour faire ce qui me plaît, mais pour accomplir la volonté de celui qui m’a envoyé. 39 Or, celui qui m’a envoyé veut que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. 40 Oui, telle est la volonté de mon Père : que tous ceux qui tournent leurs regards vers le Fils et qui croient en lui, possèdent la vie éternelle, et moi, je les ressusciterai au dernier jour.
41 Alors les gens se mirent à murmurer contre lui, parce qu’il avait dit : « C’est moi qui suis le pain descendu du ciel. » 42 Ils disaient :
—Voyons, n’est-ce pas Jésus, le fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère ! Comment peut-il prétendre qu’il est descendu du ciel ?
43 Jésus leur dit :
—Cessez donc de murmurer ainsi entre vous ! 44 Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. 45 Dans les écrits des *prophètes, vous pouvez lire cette parole : Dieu les instruira tous . Tout homme qui écoute la voix du Père et qui se laisse instruire par lui vient à moi.
46 Personne n’a jamais vu le Père, sauf celui qui est venu d’auprès de Dieu. Lui, il a vu le Père. 47 Vraiment, je vous l’assure : celui qui croit a la vie éternelle, 48 car je suis le pain qui donne la vie. 49 Vos ancêtres ont bien mangé la manne dans le désert et cela ne les a pas empêchés de mourir.
50 Mais c’est ici le pain qui descend du ciel : celui qui en mange ne mourra pas. 51 C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain-là, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai pour que le monde vive, c’est mon propre corps .
52 A ces mots, les *Juifs se mirent à discuter vivement entre eux, disant :
—Comment cet homme pourrait-il nous donner son corps à manger ?
53 Alors Jésus leur dit :
—Oui, vraiment, je vous l’assure : si vous ne mangez pas la chair du *Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez point la vie en vous. 54 Celui qui se nourrit de ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour. 55 Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment un breuvage. 56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. 57 Le Père qui m’a envoyé a la vie en lui-même, et c’est lui qui me fait vivre ; ainsi, celui qui se nourrit de moi vivra lui aussi par moi. 58 C’est ici le pain descendu du ciel. Il n’est pas comme celui que vos ancêtres ont mangé ; eux, ils sont morts ; mais celui qui mange ce pain-ci vivra pour toujours.
59 Voilà ce que déclara Jésus lorsqu’il enseigna dans la *synagogue de *Capernaüm.
60 Après l’avoir entendu, plusieurs de ses *disciples dirent :
—Ce langage est bien difficile à accepter ! Qui peut continuer à l’écouter ?
61 Jésus savait fort bien quels murmures ses paroles avaient soulevés parmi eux. C’est pourquoi il leur dit :
—Cela vous choque-t-il ? 62 Et si vous voyez le Fils de l’homme remonter là où il était auparavant ? 63 C’est l’Esprit qui donne la vie ; l’homme n’aboutit à rien par lui-même. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie . 64 Hélas, il y en a parmi vous qui ne croient pas.
En effet, dès le début Jésus savait quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui allait le trahir.
65 Aussi ajouta-t-il :
—C’est bien pour cela que je vous ai dit : Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est accordé par le Père.
66 A partir de ce moment-là, beaucoup de ses disciples l’abandonnèrent et cessèrent de l’accompagner.
67 Alors Jésus, se tournant vers les Douze, leur demanda :
—Et vous, ne voulez-vous pas aussi partir ?
68 Mais *Simon Pierre lui répondit :
—Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. 69 Nous, nous avons mis toute notre *confiance en toi et nous savons que tu es le Saint, envoyé de Dieu.
70 —N’est-ce pas moi qui vous ai choisis tous les douze ? reprit Jésus. Et pourtant, l’un de vous est un diable.
71 Par ces mots, il désignait Judas, fils de Simon Iscariot, l’un des Douze, qui allait le trahir.
Chapitre 7
Jésus à la fête des Cabanes
1 Après cela, Jésus continua à parcourir la *Galilée ; il voulait en effet éviter la *Judée où les autorités juives cherchaient à le supprimer. 2 Cependant, on se rapprochait de la fête juive des Cabanes .
3 Ses frères lui dirent alors :
—Tu devrais quitter cette région et te rendre en Judée pour que, là aussi, tes *disciples puissent voir les œuvres que tu accomplis. 4 Quand on veut être connu, on n’agit pas avec tant de discrétion. Puisque tu accomplis de si grandes choses, fais en sorte que tout le monde le voie.
5 En effet, les frères de Jésus eux-mêmes ne croyaient pas en lui. 6 Jésus leur répondit :
—Le moment n’est pas encore venu pour moi. En revanche, pour vous, c’est toujours le bon moment. 7 Le monde n’a aucune raison de vous haïr ; mais moi, il me déteste parce que je témoigne que ses actes sont mauvais. 8 Vous donc, allez à la fête ; pour ma part, je n’y vais pas encore car le moment n’est pas encore venu pour moi.
9 Après leur avoir dit cela, il resta en Galilée. 10 Cependant, quand ses frères furent partis pour la fête, il s’y rendit lui aussi, mais secrètement, sans se montrer. 11 Or, pendant la fête, les autorités juives le cherchaient et demandaient :
—Où est-il donc ?
12 Dans la foule, les discussions allaient bon train à son sujet. Les uns disaient :
—C’est quelqu’un de bien.
—Pas du tout, répondaient les autres : il trompe tout le monde.
13 Mais, comme ils avaient tous peur des autorités juives, personne n’osait parler librement de lui.
L’opposition grandit
14 La moitié de la semaine de fête était déjà passée, quand Jésus alla au *Temple et se mit à enseigner. 15 Les *Juifs en étaient tout étonnés et se demandaient :
—Comment peut-il connaître à ce point les Ecritures, sans avoir jamais étudié ?
16 Jésus leur répondit :
—Rien de ce que j’enseigne ne vient de moi. J’ai tout reçu de celui qui m’a envoyé. 17 Si quelqu’un est décidé à faire la volonté de Dieu, il reconnaîtra bien si mon enseignement vient de Dieu ou si je parle de ma propre initiative. 18 Celui qui parle en son propre nom recherche sa propre gloire. Mais si quelqu’un vise à honorer celui qui l’a envoyé, c’est un homme vrai ; il n’y a rien de faux en lui. 19 *Moïse vous a donné la *Loi, et pourtant, aucun de vous ne fait ce qu’elle ordonne ! Pourquoi cherchez-vous à me tuer ?
20 —Tu as un démon en toi ! lui cria la foule. Qui est-ce qui veut te tuer ?
21 Jésus reprit la parole et leur dit :
—Il a suffi que je fasse une œuvre pour que vous soyez tous dans l’étonnement. 22 Réfléchissez : Moïse vous a donné l’ordre de pratiquer la *circoncision, rite qui ne vient d’ailleurs pas de Moïse, mais des patriarches. Or, cela ne vous dérange pas de circoncire quelqu’un le jour du *sabbat. 23 Eh bien, si on circoncit un garçon le jour du sabbat pour respecter la Loi de Moïse, pourquoi donc vous indignez-vous contre moi parce que j’ai entièrement guéri un homme le jour du sabbat ? 24 Cessez donc de juger selon les apparences, et apprenez à porter des jugements conformes à ce qui est juste.
25 En le voyant, quelques habitants de *Jérusalem s’étonnaient :
—N’est-ce pas celui qu’ils veulent faire mourir ? 26 Or, le voilà qui parle librement en public et personne ne lui dit rien ! Est-ce que, par hasard, nos autorités auraient reconnu qu’il est vraiment le Christ ? 27 Pourtant, lui, nous savons d’où il est ; mais le Christ, quand il viendra, personne ne saura d’où il est.
28 Alors Jésus intervint d’une voix forte, et on l’entendit dans toute la cour du *Temple :
—Vraiment ! Vous me connaissez et vous savez d’où je suis ! Sachez-le, je ne suis pas venu de ma propre initiative. C’est celui qui est véridique qui m’a envoyé. Vous ne le connaissez pas. 29 Moi, je le connais, car je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé.
30 Alors plusieurs essayèrent de l’arrêter, et pourtant personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue. 31 Cependant, beaucoup de gens du peuple crurent en lui.
—Quand le Christ viendra, disaient-ils, accomplira-t-il plus de signes miraculeux que n’en a déjà fait cet homme-là ?
32 Ce qui se murmurait ainsi dans la foule au sujet de Jésus parvint aux oreilles des *pharisiens. Alors les chefs des *prêtres et les pharisiens envoyèrent des gardes du Temple pour procéder à son arrestation.
33 Jésus déclara :
—Je suis encore pour un peu de temps parmi vous. Ensuite je retournerai auprès de celui qui m’a envoyé. 34 Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas ; et vous ne pouvez pas aller là où je serai.
35 Sur quoi, ses auditeurs se demandèrent entre eux :
—Où va-t-il aller pour que nous ne le trouvions pas ? Aurait-il l’intention de se rendre chez les Juifs dispersés parmi les non-Juifs ? Voudrait-il peut-être même apporter son enseignement aux non-Juifs ? 36 Que peut-il bien vouloir dire quand il déclare : « Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et vous ne pouvez pas aller là où je serai » ?
L’eau vive
37 Le dernier jour de la fête, le jour le plus solennel, Jésus se tint devant la foule et lança à pleine voix :
—Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et que celui qui croit en moi boive. 38 Car, comme le dit l’Ecriture, des fleuves d’eau vive jailliront de lui . 39 En disant cela, il faisait allusion à l’Esprit que devaient recevoir plus tard ceux qui croiraient en lui. En effet, à ce moment-là, l’Esprit n’avait pas encore été donné parce que Jésus n’était pas encore entré dans sa gloire.
Pour ou contre Jésus ?
40 Dans la foule, plusieurs de ceux qui avaient entendu ces paroles disaient :
—Pas de doute : cet homme est bien le Prophète attendu.
41 D’autres affirmaient :
—C’est le Christ.
—Mais, objectaient certains, le Christ pourrait-il venir de la *Galilée ? 42 L’Ecriture ne dit-elle pas que le *Messie sera un descendant de *David et qu’il naîtra à Bethléhem , le village où David a vécu ?
43 Ainsi, le peuple se trouva de plus en plus divisé à cause de lui. 44 Quelques-uns voulaient l’arrêter mais personne n’osa porter la main sur lui.
45 Les gardes du *Temple retournèrent auprès des chefs des *prêtres et des *pharisiens. Ceux-ci leur demandèrent :
—Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ?
46 Ils répondirent :
—Personne n’a jamais parlé comme cet homme.
47 —Quoi, répliquèrent les pharisiens, vous aussi, vous vous y êtes laissé prendre ? 48 Est-ce qu’un seul des chefs ou un seul des pharisiens a cru en lui ? 49 Il n’y a que ces gens du peuple qui ne connaissent rien à la *Loi... ce sont tous des maudits !
50 Là-dessus, l’un d’entre eux, Nicodème, celui qui, précédemment, était venu trouver Jésus, leur dit :
51 —Notre Loi nous permet-elle de condamner un homme sans l’avoir entendu et sans savoir ce qu’il a fait de mal ?
52 —Es-tu, toi aussi, de la Galilée ? lui répondirent-ils. Consulte les Ecritures, et tu verras qu’aucun *prophète ne sort de la Galilée.
[ 53 Là-dessus chacun rentra chez soi.
Chapitre 8
« Va et ne pèche plus »
1 Quant à Jésus, il partit pour le mont des Oliviers. 2 Mais le lendemain, il revint de bonne heure dans la cour du *Temple et tout le peuple se pressa autour de lui ; alors il s’assit et se mit à enseigner.
3 Tout à coup, les *spécialistes de la Loi et les *pharisiens traînèrent devant lui une femme qui avait été prise en flagrant délit d’adultère. Ils la firent avancer dans la foule et la placèrent, bien en vue, devant Jésus.
4 —Maître, lui dirent-ils, cette femme a commis un adultère ; elle a été prise sur le fait. 5 Or, dans la *Loi, *Moïse nous a ordonné de lapider les femmes de ce genre. Toi, quel est ton jugement sur ce cas ?
6 En lui posant cette question, ils voulaient lui tendre un piège, dans l’espoir de trouver quelque prétexte pour l’accuser.
Mais Jésus se baissa et se mit à écrire du doigt sur le sol. 7 Eux, ils insistaient, répétant leur question. Alors il se releva et leur dit :
—Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre !
8 Puis il se baissa de nouveau et se remit à écrire sur le sol. 9 Après avoir entendu ces paroles, ils s’esquivèrent l’un après l’autre, à commencer par les plus âgés, laissant finalement Jésus seul avec la femme, qui était restée au milieu de la cour du Temple. 10 Alors Jésus leva la tête et lui dit :
—Eh bien, où sont donc passés tes accusateurs ? Personne ne t’a condamnée ?
11 —Personne, Seigneur, lui répondit-elle.
Alors Jésus reprit :
—Je ne te condamne pas non plus. Va, mais désormais, ne pèche plus .]
La lumière du monde
12 Jésus parla de nouveau en public :
—Je suis la lumière du monde, dit-il. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres : il aura la lumière de la vie.
13 Là-dessus les *pharisiens lui répondirent :
—Tu te rends témoignage à toi-même : ton témoignage n’est pas vrai.
14 Jésus leur répondit :
—Oui, je me rends témoignage à moi-même : mais mon témoignage est vrai, car je sais d’où je suis venu et où je vais ; quant à vous, vous ne savez pas d’où je viens ni où je vais. 15 Vous jugez selon des critères purement humains, moi, je ne juge personne. 16 Et à supposer que je porte un jugement, ce jugement est vrai, car je ne suis pas seul pour juger, mais avec moi, il y a aussi le Père qui m’a envoyé. 17 Le témoignage commun de deux personnes n’est-il pas vrai ? C’est ce qui est écrit dans votre *Loi ! 18 Eh bien, moi, je suis mon propre témoin ; et le Père qui m’a envoyé me rend aussi témoignage.
19 —Mais, où est-il, ton père ? s’exclamèrent-ils.
—Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père, répliqua Jésus ; si vous m’aviez connu, vous connaîtriez aussi mon Père.
20 Jésus parla ainsi pendant qu’il enseignait dans la cour du Temple près des troncs à offrandes, et personne n’essaya de l’arrêter, parce que son heure n’était pas encore venue.
Celui qui est
21 Jésus leur dit encore :
—Je vais m’en aller et vous me chercherez ; mais vous mourrez dans votre péché. Vous ne pouvez pas aller là où je vais.
22 Sur quoi ils se demandèrent entre eux :
—Aurait-il l’intention de se suicider ? Est-ce là ce qu’il veut dire par ces paroles : « Vous ne pouvez pas aller là où je vais ? »
23 —Vous, leur dit-il alors, vous êtes d’ici-bas ; moi, je suis d’en haut. Vous appartenez à ce monde-ci ; moi, je ne lui appartiens pas. 24 C’est pourquoi je vous ai dit : « Vous mourrez dans vos péchés. » En effet, si vous ne croyez pas que moi, je suis , vous mourrez dans vos péchés.
25 —Qui es-tu donc ? lui demandèrent-ils alors.
—Je ne cesse de vous le dire depuis le début ! leur répondit Jésus. 26 En ce qui vous concerne, j’aurais beaucoup à dire, beaucoup à juger. Mais celui qui m’a envoyé est véridique, et je proclame au monde ce que j’ai appris de lui.
27 Comme ils ne comprenaient pas que Jésus leur parlait du Père, il ajouta :
28 —Quand vous aurez élevé le *Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, je suis . Vous reconnaîtrez que je ne fais rien de ma propre initiative, mais que je transmets ce que le Père m’a enseigné. 29 Oui, celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, car je fais toujours ce qui lui est agréable.
30 Pendant qu’il parlait ainsi, beaucoup crurent en lui.
Les vrais fils d’Abraham
31 Alors Jésus dit aux *Juifs qui avaient mis leur foi en lui :
—Si vous vous attachez à la Parole que je vous ai annoncée, vous êtes vraiment mes *disciples. 32 Vous connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres.
33 —Nous, lui répondirent-ils, nous sommes la postérité d’*Abraham , nous n’avons jamais été esclaves de personne. Comment peux-tu dire : « Vous serez des hommes libres ? »
34 —Vraiment, je vous l’assure, leur répondit Jésus, tout homme qui commet le péché est esclave du péché. 35 Or, un esclave ne fait pas partie de la famille, un fils, lui, en fait partie pour toujours.
36 Si donc c’est le Fils qui vous donne la liberté, alors vous serez vraiment des hommes libres. 37 Je sais que vous êtes les descendants d’Abraham. Pourtant, vous cherchez à me faire mourir parce que ma parole ne trouve aucun accès dans votre cœur. 38 Moi, je parle de ce que j’ai vu chez mon Père. Quant à vous, vous faites ce que vous avez appris de votre père.
39 —Notre père à nous, répondirent-ils, c’est Abraham.
—Eh bien, leur répliqua Jésus, si vous étiez vraiment des enfants d’Abraham, vous agiriez comme lui . 40 Au lieu de cela, vous cherchez à me faire mourir. Pourquoi ? Parce que je vous dis la vérité telle que je l’ai apprise de Dieu. Jamais Abraham n’a agi comme vous. 41 Vous agissez exactement comme votre père à vous !
—Mais, répondirent-ils, nous ne sommes pas des enfants illégitimes. Nous n’avons qu’un seul Père : Dieu !
42 —Si vraiment Dieu était votre Père, leur dit Jésus, vous m’aimeriez, car c’est de sa part que je suis ici et c’est de sa part que je suis venu au milieu de vous. Je ne suis pas venu de ma propre initiative, c’est lui qui m’a envoyé. 43 Pourquoi ne comprenez-vous pas ce que je vous dis ? Parce que vous êtes incapables de recevoir mes paroles.
44 Votre père, c’est le diable, et vous voulez vous conformer à ses désirs. Depuis le commencement, c’est un meurtrier : il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il ment, il parle de son propre fond, puisqu’il est menteur, lui le père du mensonge. 45 Mais moi, je dis la vérité. C’est précisément pour cela que vous ne me croyez pas. 46 Qui d’entre vous peut m’accuser d’avoir commis une seule faute ? Si je dis vrai, pourquoi ne me croyez-vous pas ? 47 Celui qui appartient à Dieu écoute les paroles de Dieu. Si vous ne les écoutez pas, c’est parce que vous ne lui appartenez pas.
48 Ils répliquèrent :
—Nous avions bien raison de le dire : tu n’es qu’un *Samaritain, tu as un démon en toi.
49 —Non, répondit Jésus, je n’ai pas de démon en moi. Au contraire, j’honore mon Père ; mais vous, vous me méprisez. 50 Non, je ne recherche pas la gloire pour moi-même : c’est un autre qui s’en préoccupe et il me rendra justice.
51 Vraiment, je vous l’assure : celui qui observe mon enseignement ne verra jamais la mort.
Le Fils et Abraham
52 Sur quoi les chefs des *Juifs reprirent :
—Cette fois, nous sommes sûrs que tu as un démon en toi. Abraham est mort, les *prophètes aussi, et toi tu viens nous dire : Celui qui observe mon enseignement ne mourra jamais. 53 Serais-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort — ou que les prophètes, qui sont tous morts ? Pour qui te prends-tu donc ?
54 Jésus répondit :
—Si je m’attribuais moi-même ma gloire, cela n’aurait aucune valeur. Celui qui me glorifie, c’est mon Père, celui-là même que vous appelez votre Dieu. 55 En fait, vous ne le connaissez pas, alors que moi, je le connais. Si je disais ne pas le connaître, je serais menteur, comme vous. Mais le fait est que je le connais et que j’obéis à sa Parole. 56 Abraham votre père a exulté de joie, rien qu’à la pensée de voir mon jour. Il l’a vu et en a été transporté de joie.
57 —Quoi, lui dirent-ils alors, tu n’as même pas cinquante ans et tu prétends avoir vu Abraham !
58 —Vraiment, je vous l’assure, leur répondit Jésus, avant qu’Abraham soit venu à l’existence, moi, je suis .
59 A ces mots, ils se mirent à ramasser des pierres pour les lui jeter, mais Jésus disparut dans la foule et sortit de l’enceinte du *Temple.
Chapitre 9
La guérison d’un aveugle
1 En partant, Jésus aperçut sur son chemin un homme qui était aveugle de naissance. 2 Ses *disciples lui posèrent alors cette question :
—Dis-nous, Maître, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce à cause de son propre péché ou de celui de ses parents ?
3 Jésus répondit :
—Cela n’a pas de rapport avec son péché, ni avec celui de ses parents ; c’est pour qu’en lui tous puissent voir ce que Dieu est capable de faire. 4 Il nous faut accomplir les œuvres de celui qui m’a envoyé tant qu’il fait jour ; la nuit vient où plus personne ne pourra travailler. 5 Aussi longtemps que je suis encore dans le monde, je suis la lumière du monde.
6 Après avoir dit cela, Jésus cracha par terre et, avec sa salive, il fit un peu de boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle. 7 Puis il lui dit :
—Va te laver au réservoir de Siloé (le mot « Siloé » veut dire : « envoyé»).
L’aveugle alla se laver et, à son retour, il voyait.
8 Ses voisins et ceux qui avaient l’habitude de le voir mendier dirent :
—Cet homme, n’est-ce pas celui qui était toujours assis en train de mendier ?
9 Les uns affirmaient :
—C’est bien lui.
D’autres le niaient :
—Ce n’est pas lui ; c’est quelqu’un qui lui ressemble.
Quant à lui, il disait :
—C’est bien moi.
10 Alors on le questionna :
—Comment se fait-il que tes yeux se soient ouverts ?
11 Il répondit :
—L’homme qui s’appelle Jésus a fait un peu de boue, m’en a frotté les yeux, puis il m’a dit : « Va à Siloé et lave-toi. » J’y suis allé, je me suis lavé et, d’un coup, j’ai vu clair.
12 —Et lui, demandèrent-ils, où est-il ?
—Je n’en sais rien, répondit-il.
L’enquête sur le miracle
13 On amena l’homme qui avait été aveugle devant les *pharisiens. 14 Or, c’était un jour de *sabbat que Jésus avait fait de la boue pour lui ouvrir les yeux. 15 Les pharisiens lui demandèrent donc, à leur tour, comment il avait recouvré la vue.
Il leur répondit :
—Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant j’y vois.
16 Là-dessus, quelques pharisiens déclarèrent :
—Cet individu ne peut pas venir de Dieu, puisqu’il ne respecte pas le sabbat .
Pourtant d’autres objectaient :
—Comment un homme pécheur aurait-il le pouvoir d’accomplir de tels signes miraculeux ?
Ils étaient donc divisés. 17 Alors ils interrogèrent de nouveau l’aveugle :
—Voyons, toi, que dis-tu de lui, puisque c’est à toi qu’il a ouvert les yeux ?
—C’est sûrement un *prophète, répondit-il.
18 Mais ils refusèrent de croire que cet homme avait été aveugle et qu’il avait été guéri de sa cécité. Finalement, ils firent venir ses parents.
19 Ils leur demandèrent :
—Cet homme est-il bien votre fils ? Est-il réellement né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ?
20 —Nous sommes certains que c’est bien notre fils, répondirent les parents, et qu’il est né aveugle. 21 Mais comment il se fait qu’il voie à présent, nous ne le savons pas. Ou qui lui a rendu la vue, nous ne le savons pas davantage. Interrogez-le donc lui-même. Il est assez grand pour répondre sur ce qui le concerne.
22 Les parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des autorités juives. En effet, elles avaient déjà décidé d’exclure de la *synagogue tous ceux qui reconnaîtraient Jésus comme le *Messie. 23 Voilà pourquoi les parents de l’aveugle avaient répondu : « Il est assez grand, interrogez-le donc lui-même. »
24 Les pharisiens firent donc venir une seconde fois celui qui avait été aveugle et lui dirent :
—Honore Dieu en disant la vérité. Cet homme est un pécheur, nous le savons.
25 —S’il est pécheur ou non, répondit-il, je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle et maintenant, je vois.
26 Ils lui demandèrent de nouveau :
—Qu’est-ce qu’il t’a fait ? Redis-nous comment il s’y est pris pour t’ouvrir les yeux.
27 —Je vous l’ai déjà dit, leur répondit-il, et vous ne m’avez pas écouté. Pourquoi tenez-vous à me le faire répéter ? Est-ce que, par hasard, vous avez l’intention de devenir vous aussi ses *disciples ?
28 Alors, ils se mirent à l’injurier et ils lui lancèrent :
—C’est toi qui es son disciple ; nous, nous sommes les disciples de *Moïse. 29 Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons même pas d’où il vient.
30 —C’est étonnant, répliqua l’homme. Voilà quelqu’un qui m’a ouvert les yeux et vous, vous ne savez même pas d’où il est. 31 Tout le monde sait que Dieu n’exauce pas les pécheurs ; mais si quelqu’un est attaché à Dieu et fait sa volonté, il l’exauce. 32 Depuis que le monde est monde, jamais on n’a entendu dire que quelqu’un ait rendu la vue à un aveugle de naissance. 33 Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il n’aurait rien pu faire.
34 —Comment ! répondirent-ils, depuis ta naissance tu n’es que péché des pieds à la tête, et c’est toi qui veux nous faire la leçon !
Et ils le mirent à la porte.
Les vrais aveugles
35 Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Il alla le trouver et lui demanda :
—Crois-tu au *Fils de l’homme ?
36 Il lui répondit :
—Qui est-ce ? Dis-le moi, Seigneur , pour que je puisse croire en lui.
37 Jésus lui dit :
—Tu le vois de tes yeux. C’est lui-même qui te parle maintenant.
38 —Je crois, Seigneur, déclara l’homme, et il se prosterna devant lui .
39 Jésus dit alors :
—Je suis venu dans ce monde pour qu’un jugement ait lieu, pour que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.
40 Des pharisiens qui se trouvaient près de lui entendirent ces paroles et lui demandèrent :
—Serions-nous, par hasard, nous aussi des aveugles ?
41 —Si vous étiez de vrais aveugles, leur dit Jésus, vous ne seriez pas coupables. Mais voilà : vous prétendez que vous voyez ; aussi votre culpabilité reste entière.
Chapitre 10
Le vrai guide
1 —Vraiment, je vous l’assure : si quelqu’un n’entre pas par la porte dans l’enclos où l’on parque les brebis , mais qu’il escalade le mur à un autre endroit, c’est un voleur et un brigand. 2 Celui qui entre par la porte est, lui, le berger des brebis.
3 Le gardien de l’enclos lui ouvre, les brebis écoutent sa voix. Il appelle par leur nom celles qui lui appartiennent, et il les fait sortir de l’enclos. 4 Quand il a conduit au dehors toutes celles qui sont à lui, il marche à leur tête et les brebis le suivent, parce que sa voix leur est familière. 5 Jamais, elles ne suivront un étranger ; au contraire, elles fuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix